Il avançait d’un pas sûr et léger. La décision avait été mûrement réfléchie, mais une fois le choix effectué, il avait été libéré de ses doutes. Comme on le lui avait si souvent dit pendant ses jeunes années, ce n’est pas l’action qui nous tue, c’est l’attente.
Il repensait au cheminement qui l’avait mené jusqu’ici, tout ce qu’il avait fait ou subi pour en arriver là …. (Zoha).
C’était un garçon normal, né de parents sans histoire, un père pêcheur à Sufokia et une mère poissonnière. Ses caractéristiques principales étaient une grande curiosité et une taille qui devait toujours s’avérer plus petite que la moyenne. On lui donna le nom de Sanglar. Bien qu’il ne connût pas son destin à l’avance, il eut très tôt la certitude qu’il n’aurait pas la même vie que ses parents. C’étaient des gens charmants et tout dévoués à leur fils unique, mais il avait besoin d’espace, d’aventure, de courses folles et d’action.
A l’âge de 10 ans, lors d’une bagarre contre un autre gamin du village, il réussit à le mettre au tapis sans prendre un seul coup. Les mouvements de l’autre, ses attaques et ses esquives lui apparaissaient comme floues, ralenties, amorphes. Il en était d’ailleurs ainsi de toute la scène qui s’offrait à lui, les spectateurs (d’autres gamins) bougeaient les bras étonnamment lentement, leurs cris et encouragements déformés, les pierres jetées allant moins vite qu’un kascargo fatigué. Tout de suite après, on lui raconta qu’il s’était déplacé une vitesse extraordinaire, que ses coups étaient invisibles, que nul ne pouvait se saisir de lui.
Abasourdi, il confia le fait à son père le soir même. Celui-ci l’écouta sans piper mot puis, après un regard de connivence avec sa femme, prit son chapeau et demanda à son fils de le suivre dans la nuit.
«
- Papa, où allons-nous ? demanda le jeune garçon
- Voir le vieux sage du village, répondit-il laconiquement.
- Pourquoi ?
- Pour que tu comprennes ce qui t’est arrivé aujourd’hui, c’est important.
»
Arrivé devant la maison en question, le père frappa trois coups à la porte puis entra sans attendre de réponse. C’était la maison du sage, bien connu de tous mais un peu craint de par sa science et son expérience. C’était à lui qu’étaient posées les questions difficiles de la vie, et il prenait également part au tribunal local.
Le petit garçon voyait des tables et des armoires croulant sous d’innombrables piles de parchemins, de livres et de cartes étranges. Après que le père lui ait expliqué la situation en deux mots, le vieil homme lui demanda de les laisser seuls. La porte refermée, il plongea ses yeux fatigués mais toujours perçants dans ceux du jeune garçon, qui ne réussit pas les soutenir bien longtemps.
«
- Sais-tu pourquoi tu es ici mon garçon ?
- Mon papa m’a dit que vous alliez m’expliquer ce que j’avais fait ce matin … monsieur.
- C’est exact. Pourquoi, selon toi, cet évènement s’est-il produit ?
- … Je ne sais pas, c’était magique ?
- Non mon garçon, rien de magique dans tout cela. Ce que tu as accompli, vois-tu, c’était une distorsion temporelle.
- Une quoi ??? Une disroption ?
- Distorsion. Tu as la capacité de manipuler le temps, de le ralentir ou l’accélérer à ta guise, pour accomplir certaines tâches ou vaincre tes ennemis. Allant à l’école, tu connais bien sûr les 12 divinités régnant sur Amakna ?
- Oui je crois. Il y a Iop le dieu des bagarres, Sram le dieu du vol, Pandawa le dieu de la fête, Sacrieur la déesse de la douleur …. J’ai oublié les autres :/
- Ce que tu as fait, mon garçon, prouve que tu possèdes certaines qualités propres aux disciples du dieu Xélor. Ses adeptes sont dotés d’une durée de vie exceptionnelle, en contrepartie de leur petite taille, et due à leurs pouvoirs temporels.
- Ah euuuuh c’est bien ?
- Ce genre de don n’est pas donné à tout le monde. Si tu le souhaites, je peux t’enseigner la base de leur art. C’est mon rôle dans ce village d’initier les jeunes comme toi. Mais tu devras perfectionner tes talents tout seul, ou trouver un autre maître pour cela.
»
C’est ainsi que Sanglar apprit à développer ses pouvoirs mystérieux. Il pouvait désormais ralentir tout être vivant à sa guise, lancer des rayons de feu sur une cible choisie, et même augmenter sa capacité d’attaque.
Ce fut au cours de ses entraînements qu’il devait rencontrer celle par qui son destin allait basculer. Un jour, alors qu’il essayait de tester les limites de ses capacités, il faillit trébucher sur une jeune fille accroupie au détour d’un chemin, dans la forêt. Se confondant en excuses, il se rendit compte que la fille en question ne l’écoutait même pas, concentrée sur l’oisillon qu’elle tenait dans sa main. Y jetant un coup d’œil, il vit tout de suite que celui-ci avait une aile brisée. Probablement tombé d’un nid, sa mort était proche, et il aurait été charitable de l’achever rapidement. Alors qu’il se préparait à saluer la jeune fille, il entendit un son délicieux émanant de ses lèvres, un son doux et fleuri comme un parfum de printemps, un son qu’il aurait plaisir à écouter jusqu’à la fin des temps. Ce son, ces mots étaient dirigés vers l’oisillon recroquevillé dans sa paume. Stupéfait, il vit l’aile brisée se redresser, se remettre en place et se ressouder, sans laisser une seule plume froissée. Celui-ci, libre de toute entrave, se lança dans le ciel dans une série de piaillements aigus. Ce ne fut qu’après quelques minutes qu’il s’aperçut qu’il avait toujours la bouche ouverte, et que la fille, redressée, le regardait à présent. S’empourprant, il fit un bref salut de la tête et se présenta :
«
- Bonjour, je suis Sanglar, apprenti disciple de Xélor. Vous êtes ?
- Zoha, disciple d’Eniripsa, déesse de la nature et de la vie, répondit-elle tranquillement en lui jetant un regard pénétrant, mais dépourvu de malice.
- Disciple ? Vraiment ? Si jeune, c’est impressionnant. Et quels sont vos talents particuliers, que j’ai déjà eu le loisir d’admirer sur cet oiseau ?
- Les disciples d’Eniripsa respectent la vie par-dessus tout, et mettent donc tout en œuvre pour la préserver par les soins et les guérisons.
- C’était donc ça. Mais comment se fait-il que …
»
De fil en aiguille, ils bavardèrent tout l’après-midi, se baladant au hasard dans la forêt. C’est ainsi que naquirent les fondements d’une solide amitié. Elle soignait ses blessures et il la faisait profiter de ses talents, par exemple en ralentissant certaines bêtes qu’elle souhaitait examiner. Parfois leurs discussions étaient interminables, parfois ils passaient la journée sans mot dire, heureux de l’instant présent. Et c’est là que le drame se produisit ….
Sanglar, qui savait que le père de son amie était un guerrier engagé dans la milice brakmarienne, apprit une terrible nouvelle : celui-ci était mort, tué de la main même d’Amayiro, le puissant chef bontarien. Du jour au lendemain, elle perdit toute couleur, toute chaleur, et ses yeux étaient froids. Pour autant que le jeune xélor puisse en juger, elle ne songeait plus qu’à la vengeance, son cœur rempli de chagrin et de colère. Puis elle disparut purement et simplement un beau matin. On ne trouva nulle trace d’elle, et tous la pensèrent partie venger son père à Bonta.
Sanglar, ayant en tête certains propos qu’elle avait tenus, pensait plutôt qu’elle s’était rendue à Brakmar, afin de collecter des informations sur le meurtrier de son père et se former à l’art du combat. Etant plus jeune qu’elle, et démuni face à la violence d’un monde en guerre, il décida de ne pas la suivre immédiatement, préférant travailler ses techniques avec acharnement, acquérir la force qui lui permettrait de rejoindre son amie et de la soutenir, l’aider dans sa quête quelle qu’elle soit. Plusieurs années s’écoulèrent ainsi, mais jamais il ne perdit son objectif de vue.
C’est ainsi qu’il partit lui aussi pour Brakmar, certain de sa force et prêt à retrouver son amie Zoha. Ses parents étaient au courant de son projet et ne firent rien pour s’y opposer. Il portait des vêtements en peau de prespic qu’il avait lui-même chassés. Une caravane de marchands le prit en route contre quelques kamas, ce qui raccourcit son temps de voyage à quelques semaines.
Arrivé sur place, il se mit en quête de celle qui avait donné un sens à sa vie les dernières années. Petit à petit, il parvient à reconstituer son parcours, les nombreuses missions qu’elle avait effectuées et les différents échelons auxquels elle s’était hissée. Il retrouva sa trace dans la bouche d’un vieil homme à la taverne un soir d’Octolliard 639, qui lui révéla qu’elle s’était engagée dans la guilde des Promesses du Crépuscule, célèbre clan de chasseurs de bontariens. Assurément nul autre groupe d’amis ne pouvait mieux convenir à son projet. C’est alors que Sanglar prit la décision de rejoindre Zoha dans cette guilde, de la retrouver après toutes ces années de séparation.
Le lendemain, un piou messager laissait tomber une lettre sur la tête de Carotte, l’un des chefs de guilde.
Salutations membres des Promesses.
Moi, Sanglar, xélor de cercle 48, ai l’honneur et l’humilité de prétendre à une place parmi vous. Mon équipement n’est à l’heure actuelle pas très adapté pour le combat, préférant allier légèreté et utilité afin d’affiner mes techniques et mon cercle du mieux possible. Soit une panoplie prespic au complet, assortie d’un anneau du sanglier (je ne vous raconte pas l’odeur, c’est insupportable, pire que les pieds d’un iop), de bottes de l’aventurier (vestige de mes premiers achats, on fait ce qu’on peut avec la bourse qu’on a) et du meilleur marteau que j’ai pu trouver à l’hôtel de vente, un marteau Toh Lo amélioré. Je n’ai pas l’heur d’être aligné sous la bannière de Djaul, pas encore tout au moins. Mon objectif principal étant de retrouver ma plus chère amie, et de l’accompagner dans sa quête.
/HRP
Irl, je m’appelle BIIIIIP, j’ai BIIIIIP ans et j’habite à BIIIIIP en BIIIIIP. Dans la vie, je fais BIIIIIP.
Saleté, les communications sont BIIIIIP ici. Dans tous les cas, je n’ai pas d’ancienne BIIIIIP, raaaah d’ancienne guilde, venant tout juste de débarquer sur ce serveur. Donc j’espère que nous allons bien nous BIIIIIP et passer de bons BIIIIIP ensemble.
/HRP